Conformisme

16/11/2011   

L’inlassable répétition, dans la presse et sur internet, d’expressions comme « dictature des marchés financiers » ou encore « les démocraties sous le joug des marchés » montre qu’une idée fausse peut faire florès. Il suffit pour cela qu’elle ait l’apparence du bon sens. Si des gouvernants incompétents tombent alors que leur pays est au bord de la faillite, les marchés sont évidemment responsables. Il sera difficile de faire comprendre qu’il n’en est rien. L’image sous-jacente est celle du méchant créancier face au pauvre débiteur dans la misère. La littérature du 19ème siècle est familière de ce thème qui faisait pleurer dans les chaumières.  Peu importe qu’aujourd’hui le pauvre débiteur soit l’Etat, géré depuis des lustres par des politiciens démagogues. Peu importe que la dette publique soit le résultat d’une gigantesque supercherie pour masquer à la population la réalité économique de l’Occident. La plupart des gens ignorant tout des marchés financiers, ils représentent le bouc émissaire idéal. Les marchés sont ce que Michel Serres pourrait appeler un « objet-monde » : ils sont partout et nulle part, ils sont impersonnels et ne s’expriment pas. On peut donc aisément leur attribuer tous les vices, ce qui permet d’éviter l’analyse de la responsabilité politique de la situation financière des démocraties. Le conformisme intellectuel est ainsi le meilleur allié objectif de gouvernants manipulateurs.

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